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Full text of "Copie du rapport envoyé à l'Association internationale des Académies [sur l'Institut Marey]"

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APPENDIX C. 


INTERNATIONAL ASSOCIATION OF ACADEMIES. 


COPIE DU RAPPORT 
ENVOYÉ À L'ASSOCIATION INTERNATIONALE 
DES ACADÉMIES. 


Le 5 Mai 1904. 
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE, 


J'ai l'honneur de vous adresser, pour être transmis à l'Association 
Internationale des Académies, un rapport sur Institut Marey, sur son état 
matériel et financier et sur les travaux qui ont été exécutés dans cet 
Institut pendant l'année 1903. 


Dans mon précédent rapport je mentionnais les démarches que nous 
avons faites pour régler notre situation vis-à-vis de la Législation française. 
Ces démarches ont abouti entièrement, et, par décret du 30 Juillet 1903, 
Monsieur Île Président de la République accorde la reconnaissance d'utilité 
publique à notre Association et approuve ses Statuts, rédigés conformément 
au modèle arrêté par le Conseil d'État et dont un exemplaire se trouve 
ci-joint. 

De cette manière, les Statuts de notre Association votés au Congrès de 
Physiologie de Turin, ont été complétés par des dispositions surtout d'ordre 
administratif prévues par la loi pour toutes les Associations dont le siège est 
en France. 


Notre association, en date du 14 Octobre 1903, a reconnu la nécessité de 
nous adjoindre le plus grand nombre possible de membres spécialement versés 
dans la technique instrumentale, afin que notre œuvre ait dès son origine 
l'approbation des spécialistes les plus autorisés. 

12 


65 


Pour sarder la proportion de deux membres étrangers pour un français. 
prévue par les Statuts. l'Assemblée a dressé la liste suivante : 


1—MM. G. LiPuanx, Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne. 


2— . M. Levy, Membre de Finstitut. Professens au Collège de 
France, 

VU La AMAGAT Membre de l'Institut. 

= à CE RICHET, Professeur à la Faculté de Metecine de Paris 

5.— n Bux, () Professeur à l'Université de Lund (Suède). 

G—  ÉiNtnovesx, Professenr à l'Université de Leyde. 

— | Grürzxer, Professeur à l'Université de T bingen. 

8— . Laxcexbonrrr, Professeur à P'Université de Hostoek. 

9 — A SCHENCK. Professeur à l'Université de Marburg. 


10.-— 4 ATHANASIU, Sous- Directeur de Tlustitut Marev. 


Tous ces différents savants ont accepté de faire partie de notre Association 
et nous avons chargé l'Institut de France de soumettre cette liste à l'appro- 
bation du Comité permanent de l'Association Internationale des Académies, 


L'Association ne nous a pas encore adressé de réponse à ce sujet. 


Suivant les prescriptions des mêmes Statuts, notre Bureau complété comme 


il suit : 


Président …. o MA nas . J. E. MAREY 
Vice-Président ... à Ai . H. KRONECKER 
Administrateur-Trésorier … ue . À. CHAUVEAU 
Secrétaire … Na pii je . G. WEISS 


constitue le Conseil d'Administration. 


Installatinm de UInstitit Morey.-Vle terrain sur lequel se trouve cet 
[nstitut nous a été donné à bail par la Ville de Paris avec droit de batir, ce 
qui fait que nous ne.pouvons ètre expropriés sans une Compensation qui 


consisterait dans la création d'un autre Établissement shnilaire à celui-ci. 


C) Depuis cette époyne M. Blix est mort. 


69 


Les constructions comimencées l'année dernière ont pu être finies, comme 
on voit sur la Fig. 1, et cela grâce aux généreux donateurs qui nous ont fourni 


la somme de 38,050 francs. 


Situation Frurtncière. Ta subvention annuelle de 25,000 franes que l État 
accorde à cet Institut a passé dans le budget ordinaire, ce qui lui donne la 
uarantie de durée des Établissements de l'État. De même, la Ville de Paris 
a bien voulu prévoir dans son budget une subvention arnuelle de 3.500 francs 


- pour cet Institut. 


Le tableau suivant montre l'état de nos finances pour l'année 1903. 


Recettes. Dépenses, 


1e Report de l'exercice tuo? SAS Joe. L pe, — Traitement du personnel 216108 Be 


2 Subvention de l'État 2. 2500W. 2 — Matériaux et travaux . 12,701 
Souscription de la Societe 1 30. — Acompte peur la con- 

de Physiologie d'Amérique nf. to struction du bâtiment. 40.00. 
4" —Souscription de la Caisse 

ues laboratoires ; 6.00 f. à 
5°—Souscriptions particu- 

lières ns ga <..  4,050f. 
&.— Revenus divers .. sé 1,715f. 70C 

Total .….. 1,526f, KUC. i Total e 14118. 35e 
aige Dena D, Ai e ea aaa a Ex ME Det ut 
BILAN. 
Recettes .. à a e a Le 91,326. 50e. 


Dépenses .. za z. T s ae 143118 oc. 


—— n 


Fond à reporter jour l'année I90f e 17.01af. 43c. 


a 


TRAVAUX FAITS DANS L'INSTITUT MAREY. 


Nous avons poursuivi les recherches dont j'ai mentionné le commencement 
dans mon précédent rapport, et malgré les difficultés de toute sorte, nous 
sommes arrivés à quelques résultats précis; notre attention a été dirigée par- 
ticulièrement vers deux applications de la méthode graphique ; læ chrono- 
stylographie et le chronophotographie, qui tontes deux sont susceptibles d'une 
wrande précision et se prêtent un mutuel concours dans l'analyse de phéno- 
mènes physiologiques. 


A—La Chronostylogrephie. —Si les principes fondamentaux de cette 
méthode sont suftisamment connus, il n'en est pas de même en ce qui concerne 
les détails de ses diverses applications, et surtout le fonctionnement de 
nombreux appareils dont elle se sert ; de là une grande difficulté pour le 
contrôle de leurs indications. Ce court exposé ne permet pas d'entrer dans 
de grands détails sur les nombreux travaux qui ont été faits dans le but de 
connaitre l'exactitude des appareils inseripteurs : (Buisson, Maney, DONDER, 
LANGENDORFF, HURTHLE, ANSIAUX, Decazure et Pacuox, V. Frey, OTTO 
Franck, ete, . ). Les résultats obtenus par ces divers expérimentateurs à 
Paide de méthodes différentes sur un même appareil ne concordent pus, de 
sorte qu'une étude d'ensemble des appareils employés pour inscrire les 
mouvements physiologiques était très-nécessaire. 

Cette étude nous l'avons commencée, et nos premières recherches ont été 
faites sur les appareils à transmission par l'air. La préférence que nous avons 
donnée à ce mode d'inscription est justifiée par la facilité de son emploi et par 
les avantages qu'il offre pour inscrire simultanément plusieurs mouvements. 
C'est grâce à ces inscriptions multiples que l'on a connu l'influence de la 
respiration sur la pression artérielle, et c'est encore par ce moyen que la car- 
diographie a déterminé les rapports des mouvements qui se.passent dans les 
différentes cavités du ceur. Le dispositif expérimental pour ce controle se 
trouve représenté dans les Fig. 2.3 & 4. 


On sait que dans toute inscription à distance il faut trois pièces distinctes ; 
l'appareil explorateur du mouvement, le tube qui le transmet, et l'appareil 
qui l'inscrit. Nous avons étudié successivement ces différentes pièces et nous 


avons pu préciser les conditions de leur fonctionnement. 


Quand l'appareil inseripteur est un tembour à levies il faut dabord que 
si membrane ait une force élastique en équilibre constant avec la pression 
intérieure, ce qui ne pent s'obtenir qu'en donnant à la membrane une certaine 
tension. La Fig. 5 montre qu'à partir de la tension 1.1 le soulèvement de la 
membrane est proportionnel à la pression. Ce fait se véritie encore quand il 
‘agit d'inscrire des mouvements de forme complexe et plus ou moins rapides 


(Fig. 6). 


Pour les mouvements d’une certaine vitesse, tous les auteurs ont remarqué 
que le tambour à levier manquait de fidélité Nos expériences nous out 
montré qu'on peut rétablir cette fidélité jusque pour mouvements très-rapides, 
eu agissant sur la membrane et sur les pièces accessoires du tambour; en 
diminuant la masse du levier: en élargissant le disque qui relie le levier à la 
membrane afin d'établir entre ces deux organes une solidarité plus parfaite, 


Enfin, et surtout, en réduisant l'amplification du levier que l'on fuit 
généralement trop grande et qui ne doit pas excéder pour les besoins de la 
physiologie le rapport de 10/1, 


Les Tubes de Transmission. — L'expérience nous a appris que les tubes de 
2-3 mm. de diamètre intérieur éteignent les oscillations secondaires des 
tracés. Au-dessus de ce diamètre ils introduisent des oscillations parasites 
qui sont dues à la colonne d'air tout entière (Fig. 7). Un atténue beaucoup 
ces oscillations en diminuant la masse du gaz; elles sont presque insensibles 
en substituant l'hydrogène à l'air (Fig. 9) Entin, il est un moyen de 
supprimer les oscillations de Pair en mettant sur le trajet du tube un 
diaphragme dent le diamètre d'ouverture soit 1/50 de celui du tambour (Fix. 8). 


Avee un tambour à levier et un tube de transmission réglés comme nous 
venons de le dire, on peut inscrire des mouvements de forme complexe entre 
des limites d'amplitude et de fréquence très-écartées, comme on peut voir sur 
la Fig. 0, 


Les résultats de nos études sur les autres appareils inseripteurs (Souttet 
de Brodie, Piston recorder ete... . jet sur les divers explorateurs (cardio- 
graphe, pnenmographe, sphygmouraphe ete . .. ) seront décrits avec les 
détails nécessaires dans le rapport détaillé que nous présenterons à la } 


wochaine 
assemblée de notre association. 


“1 
t 


La Chronophotographie —-Créće pour l'étude des mouvements de l'homme 
et des animaux, la chronophotographie a servi non-seulement à decouvrir 
les lois qui gouvernent la locomotion animale, mais encore celles de nombreux 
phénomènes physiques et mécaniques Comme dans l'insciiption pur style, 
le chronophotographie peut nous donner la trajectoire d'un point du mobile 
tout entier, ce qui est tiès-précieux pour l'étude des mouvements physio- 
logiques. Par le fait que cette méthode wemprunte rien à la force du 
mobile pour trace: sa trajectoire, le mouvement, si faible soit-il, peut 
s'inscrire dans toutes ses phases et avee la plus grande tidélité. De plus, 
la chronophotographie est un admirable moyen de contrôle pour la chrono- 
stylographie, dans les cas litigieux. 


Les chronophotographes actuellement en usage pe rmettest de prendre un 
nombre d'images relativement restreint dans Tunité de temps (25 à 30 images 
par seconde). Cette fréquence ne pourrait être sutlisante pour des mouve- 
ments très-rapides dont la durée est de l'ordre de dixièmes ou de centièmes 
de seconde, En réduisant la largeur de l'image j'étais arrivé à obtenir 


jusqu'à 110 images par seconde, avec mes appareil 


Cette fréquence nous pouvons la réaliser aujourd'hui assez facilement 
avec l'appareil représenté par la Fig. 11, et qui repose sur un principe difiérent 
de ceux emplovés jusqu'à présent. On peut, à Paide de cet appareil, 
étudier les mouvements de rapidité moyenne, comme le vol des oiseaux par 
exemple, et la Fig. 12 donne la série d'images prises pendant 3:26 de seconde 
pour un seul coup d'aile de pigeon. 


Mais nous avons poussé plus loin les perfectionnements de la chrono- 
photographie, et l'emploi de létincelle électrique comme source de lumière 
nous à permis de réaliser des fréquences beaucoup plus grandes. Le dispositif 
employé dans cette méthode se trouve représenté dans les Fig. 13. 


Avec ce chronophotographe, on peut avoir jusqu'à 1,500 images par 
seconde. Cette méthode se prète merveilleusement bien à l'étude de mouve- 
ments très-rapides, comme le vol des insectes ou des phénomènes phishques 
ete. . . La Fig. 14 montre quelques exemples de pareilles chronophotegraphies, 


73 


Il n'était pas moins intéressant de comprendre la nature de mouvements 
qui nous échappent par leur lenteur extrème. Une fleur qui s'ouvre, un être 
vivant qui se développe dans certaines circonstances, comme les Botrylles 
ete. . . échappent en tant que mouvement à l'observation. 


Mais si l'on prend des images chronophotographiques à d'assez longs 
intervalles, 5 minutes, 4 heure, 2 heures par exemple, et que l'on fasse passer 
sous les yeux de l'observateur sous forme de projection animée la longue série 
d'images ainsi obtenues, on donne la sensation d'un mouvement parfaitement 
défini qui dans l’espace d'une minute montre toutes les phases d'un phénomène 
de longue durée. La Fig. 15 montre le dispositif expérimental que nous avons 
employé, et dans la Fig. 16 on voit quelques exemples de ce genre de chrono- 
photographie. 


Travaux en cours d'exécution. —Dans la chronostylographie nous pour- 
suivons l'étude des sphygmographes et des manomètres enregistreurs et nous 
possédons actuellement l'installation expérimentale nécessaire à ce genre de 
recherches. De plus, la terminologie des appareils graphiques a besoin d'étre 
revue pour éviter les nombreuses confusions auxquelles elles donnent lieu. 
Dans ce but, nous avons dressé une liste de tous les noms qui désignent les 
appareils graphiques employés en physiologie. Cette nomenclature, révisée 
par les hellénistes, sera soumise à la prochaine réunion de notre Association. 


Dans la chronophotographie, nous étudions les applications de cette 
méthode à l'étude des mouvements physiologiques. Nous poursuivons en 
mème temps une étude comparative du walvanomètre et de l'electromètre au 
point de vue de leurs applications à la physiologie. Nous avons pu réaliser 
les installations exigées par ces recherches. 


Le Directeur, 
(Signé) J. E. MAREY. 


PS.—Monsieur le Secrétaire, =Ma sante très altérée en ce moment pe me perimet pas 
d'exposer plus longuement à FAssociation Internationale des Académies combien nous avons 
besoin de son appui, soit pour hâter la nomination des membres nouveaux qui nous vent prêter 
leur concours, soit pour obtenir des constructeurs d'instruments de nous contier, an besoin ponr 
un temps limité, les instruments qu'ile ont imaginés et dont nons avons besoin de contròler la 
valeur. 


K